LESION DU LIGAMENT CROISE POSTERIEUR (LCP)
La rupture du ligament croisé postérieur (LCP) est une lésion relativement rare et représente 3 à 20% des lésions du genou. Elle peut être isolée mais est le plus souvent associée à des lésions multi-ligamentaires du genou.
Circonstance et mécanisme, terrain.
Le mécanisme le plus commun (environ 45% des cas) se rencontre au décours d’accidents de la voie publique, lors du syndrome du tableau de bord, avec un choc violent au niveau de l’extrémité supérieure du tibia, genou fléchi. Les accidents sportifs représentent 25% des cas. (Choc antéro postérieur, hyper flexion forcée hyper extension forcée). Le diagnostic des lésions du ligament croisé postérieur est souvent différé car souvent bien toléré d’un point de vue clinique contrairement aux lésions du ligament croisé antérieur.
Anatomie/Biomécanique.
Le ligament croisé postérieur (LCP) est un ligament puissant plus épais que le croisé antérieur. Il mesure en moyenne 32 à 38 mm et à un diamètre de 11 mm en moyenne. Sa structure est complexe. En effet il est composé de 2 faisceaux 12. Le faisceau antéro-latéral (AL) est le plus gros et le plus résistant. Le faisceau postéro-médial (PM) est plus petit, plus court et s’insère plus postérieurement sur le fémur et plus médialement sur le tibia que le faisceau AL.
Le LCP est stabilisateur primaire pour le tiroir postérieur entre 30° et 90° de flexion. Plus précisément, c’est le faisceau AL du LCP qui s’oppose au recul postérieur du tibia entre 30 et 90° de flexion. Le contingent PM a un rôle prépondérant proche de l’extension26. Le degré d’obliquité du LCP varie avec le degré de flexion du genou. En effet le faisceau AL se tend en flexion et le faisceau PM est tendu en extension. Le LCP est stabilisateur secondaire pour la rotation interne, la rotation externe, le varus, valgus, l’extension et la décoaptation.
Evolution naturelle.
Selon H. Dejour, l’histoire naturelle des ruptures du ligament croisé postérieur évolue en 3 phases :
- Phase d’adaptation (3-18 mois) caractérisée par des douleurs, une sensation d’instabilité en flexion aggravée dans les escaliers.
- Phase de tolérance (quelques années-15 ans).
- Phase de l’arthrose représentée par des douleurs intéressant tout d’abord le compartiment fémoro-tibial interne puis fémoro-patellaire et en dernier le compartiment fémoro-tibial externe.
L’intervention chirurgicale.
Deux types de transplants peuvent être classiquement utilisés : soit un prélèvement au dépens des ischio-jambiers (IJ) soit un ligament synthétique. La chirurgie se pratique sous anesthésie générale ou locorégionale. Un garrot placé à la cuisse est le plus souvent nécessaire. Une cicatrice verticale à la face antérieure ou interne du genou permet le prélèvement du tendon (tendon rotulien ou tendon quadricipital ou tendons ischio-jambiers) qui va permettre de reconstruire le ligament croisé postérieur. L’intervention se déroule souvent sous arthroscopie (avec caméra) par deux petites incisions sous la rotule. D’autres incisions sont parfois nécessaires. Des tunnels osseux dans le fémur et le tibia au niveau des zones d’insertion du ligament croisé postérieur sont réalisés. La greffe est positionnée puis fixée dans le genou par vis ou agrafe. Les éventuelles lésions méniscale ou cartilagineuse associées seront traitées dans le même temps si cela est nécessaire.
La rééducation.
La rééducation est très spécifique. Elle est idéalement effectuer en centre de rééducation. Un protocole spécifique vous sera remis pendant votre hospitalisation.
Les complications.
Les plus fréquentes
Comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical.
La phlébite peut survenir en dépit du traitement anticoagulant. Il s’agit d’un caillot qui se forme dans les veines des jambes, celui-ci pouvant migrer et entrainer une embolie pulmonaire. Un traitement anticoagulant est prescrit en prévention.
Plus rarement
La cicatrisation des tissus dans le genou peut créer des adhérences qui vont limiter la flexion et engendrer une raideur.
L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois, une prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.
L’infection profonde est une complication très rare. Elle peut nécessiter une nouvelle intervention et la prescription d’un traitement antibiotique prolongé. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection.
La ré-rupture est rare mais possible au cours d’un nouveau choc. Il est important de respecter les délais donnés par votre chirurgien pour la reprise des activités sportives.
La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique.